REMONTEE DE MOANA DU 14 AU 20 JUILLET 2012

Publié le par Chrystèle

 

Voici le récit de la remontée, à la TRINITE-SUR-MER, de MOANA (FIRST 38S5) après la tentative, malheureusement non aboutie, de descente du golfe de Gascogne jusqu'à BILBAO.

 

Cette navigation a été soigneusement préparée à l’avance par le skipper Philippe et son équipage, Martine, Gérard,  Jean-Louis et Chrystèle . Nous avons ensemble tracé la route, envisagé toutes les hypothèses, organisé les courses, réparti les rôles : tout est prêt. Seule variable : le port de départ, qui au fil de la semaine (et de la météo exécrable) est passé successivement d’Hendaye, à Royan, pour finalement devenir LA ROCHELLE. Qu'à cela ne tienne ! Nous sommes prêts.

 

 

Vendredi 13 juillet 2012, nous descendons du Mans par les chemins de traverse, avec un arrêt chez les viticulteurs locaux pour acheter un bon Bourgueil et du pétillant, nommé “Bouvet” (Ladubay) destiné à fêter, à sa juste valeur, la relève de l'équipage de la descente. Ils nous attendent avec impatience dans le port des Minimes. Christophe, Claude et Michel repartent le soir même au Mans avec la voiture de Claude que nous leur rendons. Décision motivée par une overdose de pluie et la perspective peu engageante de se tasser à 8 marins trempés dans l’espace confiné de Moana. Après hésitation, Martine, qui est déjà du voyage aller, décide de rester avec nous,  comme prévu.  Elle ne le regrettera pas.


RetourMoana1-copie-1.jpg  Le vent annoncé à 35 nœuds dans l’article de Christophe forcit encore et nous

  enregistrons 50,4 nœuds au port dans la soirée (2 de plus que sur la photo !).

  Nous ne sommes pas mécontents d'être à l'abri sous les trombes d'eau qui

  s'abattent sur le pont.

 

 

Samedi, en attendant une météo plus clémente, nous faisons un petit tour aux Francofolies. Des concerts ont été annulés vendredi, mais aujourd’hui, malgré le vent, le soleil est là et les chapiteaux s'ouvrent autour de la tour SAINT NICOLAS. Les répétitions ont lieu sur le port. L'ambiance est festive. La promenade nous pousse jusqu'au  musée maritime à flot, où se trouve le célèbre ketch JOSHUA de Moitessier. Le vieux port sent encore la cendre : la veille, l'Angoumois, chalutier de 30 mètres transformé en musée, s'y est enflammé. Triste nouvelle.

 

 

Dimanche, nous partons de la ROCHELLE, directement pour l'estuaire de la Charente, rejoindre ROCHEFORT-EN-MER. Nous y arriverons, poussés par un vent majoritairement portant, en louvoyant entre les belles baraques de pêcheurs et leurs carrelets remarquables au-dessus du fleuve. La navigation est très pittoresque. Nous nous amarrons devant l'écluse de ROCHEFORT, rejoints bientôt par six autres voiliers, en attente de l'ouverture des portes. Nous espérons qu'il y aura suffisamment de place pour tous. Heureusement, quand l'écluse s'ouvre, de nombreux voiliers quittent le port, bloqués sans doute par le mauvais temps depuis plusieurs jours. Nous sommes soulagés. Nous accostons le long d'un catway, très bien placés, tout près du quai.

 

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La ville de ROCHEFORT, créée en 1666, est sans doute la 1ère des villes nouvelles : elle est sortie de terre pour répondre à la  volonté de COLBERT, ministre du Roi Louis XIV, de créer, bien protégé dans l'estuaire de la CHARENTE, un grand arsenal maritime. Cette ville a gardé le charme austère d’une ville militaire, avec ses rues  tracées au cordeau et ses façades monumentales de pierre blanche. Nous visitons  le chantier de l'Hermione (65m hors tout, 1500 m2 de voilure répartie sur 3 mats). Reconstruite à l'identique par une équipe de passionnés,  cette copie de la Frégate de la Liberté de La Fayette qui traversa l'Atlantique pour apporter main forte aux insurgés du général Washington, quittera le quai en 2014 pour rejoindre à nouveau symboliquement Boston. Cette reconstitution commencée il y a 15 ans, (le chantier initial de la vraie HERMIONE a, quant à lui, duré 3 ans ! ), se fait avec les techniques de l’époque. Du grand art !  (cf www.hermione.com)

Nous poursuivons notre balade par les jardins de la Corderie Royale, ce superbe bâtiment d'époque, en ruine après la dernière guerre, qui a été magnifiquement restauré : c'est là où se préparaient et se tressaient les nombreux cordages de la marine. Nous rejoignons ensuite au centre la place COLBERT, et nous nous installons au soleil devant un petit vin de muscadet.

 

 

Lundi, l'été est enfin revenu. Nous devons attendre l’ouverture de l’écluse à 16h pour quitter le port.  Nous en profitons pour tenter la visite de la maison - musée de Pierre Loti, grand voyageur, navigateur et académicien excentrique, qui vécut à ROCHEFORT. Malheureusement, l’accès est sur rendez-vous et nous n’avons évidemment pas réservé. Dommage !

 

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Nous descendons la Charente sous un soleil de plomb. Vent de face, les virements de bord se succèdent à rythme soutenu (une rivière, ce n’est pas large) : Jean-Louis à tribord, Martine à bâbord, Gérard à la jupette, moi à la barre et le capitaine qui veille au grain : ça roule !

 

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Passé l’estuaire, nous décidons de faire route directement vers

l'île  d'YEU, avec une navigation de nuit compte tenu de la distance.

Le temps se gâte un peu, les nuages affluent.


L'électronique du GPS nous ayant lâché, nous nous plaisons à

retrouver les fondamentaux de la navigation côtière.

Notre capitaine jubile, le compas de relèvement au cou et les

jumelles en main. La dynamique des quarts glissants de 2

heures se met en place. Nous tirons des bords toute la nuit

entre l'île de Ré et celle d'Oléron, guidés par les phares de

Chassiron et des Baleines.
  

 

 

 

 

Mardi, nous assistons au lever du jour face aux Sables d'Olonne. Le vent mollissant, nous faisons appel, pour une fois, à la “risée diesel” pour rejoindre à 16h00,  Port-Joinville, qui est le port principal de l'île d’YEU.

Nous y resterons presque une journée. Le village fourmille de vélos et de touristes. Nous en profitons pour compléter le ravitaillement, remplacer la bouteille de gaz qui nous a lâchés, et échanger les fusibles du GPS que nous remettons en service. C'est un port très encombré. Les bateaux sont à couple, en triple… et pour gagner de la place, d'autres coques viennent s’entasser perpendiculairement à nous, bloquant toute sortie. A noter aussi la taille et le luxe des bateaux, qui ravalent Moana à un rang bien modeste. Néanmoins, cela ne nous a pas empêché de boire le champagne pour fêter l’anniversaire de Martine. 

 

 

Mercredi, calme plat. Nous décidons, comme le temps est magnifique, de partir après déjeuner pour mouiller de l'autre côté de l'île dans l’anse de la vieille. Mais en sortie de port, un vent favorable se lève et nous pousse directement vers l'île d'HOUAT sans changer de bord. L'aubaine est si belle que nous changeons habilement de programme : au lieu d'aller mouiller de l'autre côté de l’île, nous optons pour une route directe vers HOUAT. Le soleil étant bien visible, c'est l'occasion de nous remémorer notre formation récente à la navigation astrale. Jean-Louis sort le sextant de Claude et, à tour de rôle, nous relevons une droite de hauteur. À terre, Jean-Louis calculera notre position. C'est tout bon.

Partis en T-shirt, progressivement nous nous rhabillons, les nuages arrivant et le vent montant à l’approche de l’estuaire de la Loire. Puis viennent le crachin breton et le brouillard du soir. Ah ! La Bretagne ! La fin de navigation est surréaliste avec la purée de pois, une lumière blafarde trouée par le phare des Cardinaux et cet environnement de cailloux invisibles mais présents. Heureusement, le GPS marche et Moana est équipé d'un radar, que maîtrise notre skipper et qui, dans ces conditions, est d'un apport précieux. Avec deux ris dans la grand-voile, nous fonçons à huit nœuds : Jean-Louis est à la barre, Philippe calcule la route, je l'assiste. L’arrivée à la grande plage est fantastique, un peu inquiétante quand même, car de nombreuses lumières trouent la brume devant nous : appartiennent-elles à des bateaux ou à des maisons à terre ? Nous mouillons par 5 m de fond, en toute  sécurité, comme nous le vérifierons le lendemain au réveil.  La fin de l’étape a été fêtée royalement à 0h30, par une platée de pâtes au saumon arrosée du fameux Bouvet pétillant. On ne pouvait faire mieux pour nous réconforter et nous réconcilier avec la mer et ses aléas.

 

 

Jeudimatin, au lever du jour, le temps est de nouveau très agréable. Plus d'une cinquantaine de bateaux sont au mouillage, loin devant nous. Nous rapprochons le mouillage de la côte, gonflons l'annexe et nous rendons à terre.

 

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L'île de HOUAT est charmante, sans  voiture, avec ses volets bleus, ses parterres de roses trémières et d'hortensias, typique des villages bretons. Les enfants y sont tout bronzés, jouant en toute liberté, avec leurs vélos. Nous visitons l’église décorée d’ex-voto suspendus à sa charpente; Ses vitraux remarquablement modernes, diffusent des gerbes de lumières colorées faisant de l’endroit un lieu vraiment magique. Le village est décoré de photographies sur les métiers de la mer. La balade s'achève en terrasse, remplie d'habitués, groupe d'adolescents chics et familles en vacances. Nous rentrons au bateau, après une petite mésaventure en annexe sans gravité, qui provoqua l’ire du capitaine, aussi vite retombée heureusement : comme l'équipage tarda à monter à bord, une vague maligne arrosa les fesses des premiers assis  et remplit le fond de l'annexe, qu'il a fallu vider.

Nous décidons de partir pour la dernière traversée vers la Trinité à 16h45. La mer est belle, Martine prend la barre, nous gardons un ris. Nous arrivons à la Trinité jeudi soir, un jour avant la date prévue à la capitainerie. Nous accostons au quai visiteurs. Nous rejoindrons notre place vendredi matin pour un ménage complet du bateau.

 

 

Voilà, cette navigation est terminée, et nous sommes au port sans retard. Le capitaine et Martine pourront ainsi rejoindre chacun son mariage, dans les temps.

 

Belle navigation que cette remontée de la ROCHELLE, via ROCHEFORT. Même si nous n'avons pas visité l'Espagne comme prévu, nous sommes tous ravis d'avoir remonté sous voile ce magnifique estuaire de la Charente, d'avoir visité le fameux chantier de l'Hermione, d’avoir navigué de nuit, d'avoir fait un relèvement au sextant. Bonne ambiance à bord, équipage relax, détendu, en confiance avec un skipper tout à fait à l'aise sans GPS, qui nous a conduits sans encombre malgré la brume et les écueils, jusqu'à la grande plage de l'île d’HOUAT.

 

Chrystèle B.

 

Publié dans Les sorties

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D
Bonjour,<br /> Le récit est magnifique même si je pense que la navigation fut aussi belle que l'équipage fut à la hauteur...<br /> Le désir du large me gagne!<br /> Merci Chrystèle<br /> Bises à vous
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